2015 / L’objet dans tous ses états
Le Réseau expo s’est lancé un nouveau défi ! Celui de faire découvrir aux collégiens du département la collection d’art contemporain du Conseil Départemental de l’Ain. En effet, le fonds dispose de près de 400 œuvres d’artistes de renommée locale et internationale. Pour inaugurer ce nouveau partenariat, une sélection d’œuvres a été exposée en 2015 dans un établissement de l’Ain à destination de tous les collégiens.
De l’Antiquité à nos jours, tous les courants de l’art se sont saisis de l’objet. Sculpture, peinture, photographie, conception par ordinateur et cinéma s’en emparent pour le reproduire « plus vrai que nature » ou, au contraire, le détourner de ses fonctions usuelles, déconstruire ses formes, le mettre en (des) scènes improbables ou, encore, le projeter dans des exotismes de temps et de lieu. Du plus modeste (une cuillère) au plus complexe (une structure mécanique), il provoque inlassablement l’imaginaire de la création : un objet en cache toujours un autre ! À côté de l’arbre ou de la fleur qui interroge l’essence de l’être, l’objet artisanal ou manufacturé parle à l’homme occidental de sa propension à se mesurer à la nature. L’homme a besoin de ces artefacts pour revendiquer la supériorité de sa place dans la nature alors même que ceux-ci lui montrent la fragilité de cette prétention.
L’objet a pointé, plus que tout autre sujet, la mitoyenneté entre les pratiques artistiques et artisanales : les unes comme les autres exigent souvent l’acquisition des mêmes compétences techniques. Les philosophes des Lumières ont, les premiers, tenté de les distinguer au moyen de notions telles que « le beau » ou la singularité non reproductible de l’œuvre d’art. Aujourd’hui, ce type de distinction n’a plus cours et personne ne songerait à réduire l’objet artisanal à sa fonctionnalité. Aussi, et comme le montre l’exposition, faut-il peut-être chercher la spécificité de l’artiste et de l’artisan dans la façon dont ils conçoivent respectivement la création ? Le premier ne s’accorde aucune limite et accepte d’être emporté loin, parfois très loin, de son intention initiale. Le second limite son travail à l’idée de l’objet (fonctionnel ou non) à produire : ce qui ne l’empêche pas de faire acte de virtuosité technique. Quoi qu’il en soit, chacun crée une émotion particulière qui doit nous amener à changer le regard que nous portons sur nous-mêmes et, en définitive, sur la nature.
En parallèle à cette exposition ont été menés des actions de médiation scolaire et des ateliers dont les élèves ont été les destinataires, mais aussi les acteurs.
Cette exposition exceptionnelle n’aurait jamais vu le jour sans la précieuse collaboration de Madame Delphine CANO, Conservatrice des Musées départementaux de l’Ain.
- Projet mené par Clémence Durand, professeur d’Arts plastiques
- Collège Bel-Air à Thoissey du 14 septembre au 16 octobre 2015
- Collection des Musées départementaux de l’Ain